Méthanisation

Poste d'injection biométhane de Mézières-sur-Oise (photo : Jacques Rostand) ; rebours de Noyal-Pontivy (photo : Julien gazeau)

Méthanisation, une filière industrielle mature et dynamique

La méthanisation est la filière de production de gaz renouvelable et bas-carbone la plus mature en France. En 2024, 652 sites de production de biométhane injectent sur les réseaux gaziers en France avec une capacité totale dépassant les 11 TWh/an, soit la capacité de production de deux centrales nucléaires. Modèle d’économie circulaire vertueuse et locale, la méthanisation est une des solutions de transition énergétique et de décarbonation les plus avancées.

« La méthanisation est la filière la plus mature de production de gaz renouvelable et bas-carbone. GRTgaz avec les autres gestionnaires de réseaux gaziers en France porte une démarche proactive pour mobiliser les porteurs de projets et faciliter l’installation de nouvelles unités de méthanisation. Les objectifs ? Soutenir la décarbonation et l’autonomie énergétique des territoires. »

Frédéric Guillou

Responsable Développement Méthanisation chez GRTgaz

Comprendre la méthanisation en 4 points

La méthanisation fabrique du gaz renouvelable à partir de la biomasse et de déchets organiques humides, liquides et secs, issus de différentes sources :

  • Le secteur agricole : fumiers, effluents bovins, cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), menue paille (grains cassés et glumes et glumelles des céréales), issues de céréales (brisures, poussières…), épluchures…
  • L’industrie agro-alimentaire : déchets de restauration, aliments déclassés (vinaigrette, huile alimentaire, moutarde…)
  • Les collectivités : déchets des collectivités et de la restauration collective.
  • Les boues des stations d’épuration.

Le biométhane produit par la méthanisation est directement injectable dans le réseau de transport de gaz pour servir tous les usages : résidentiel, tertiaire, industriel et mobilité.

L’injection dans les réseaux de biométhane produit par méthanisation nécessite trois étapes :

  • La fermentation : les matières premières organiques sont dégradées par des micro-organismes dans le digesteur, en l’absence d’oxygène, à une température de 35 à 40°C. Cette fermentation produit du biogaz, composé essentiellement de méthane et de CO2.
  • L’épuration : les différentes molécules sont séparées. Le CO2 et les hydroxydes sulfureux sont extraits afin que le biogaz atteigne une teneur en méthane et une densité énergétique équivalente à celle du gaz naturel traditionnel.
  • L’odorisation : avant injection dans le réseau de gaz, le biométhane est odorisé pour permettre la détection de potentielles fuites de gaz.

Ce processus génère des résidus, le digestat. Composés de bactéries et de minéraux, ils constituent des engrais organiques efficaces pour nourrir les sols et remplacer les engrais chimiques.

Processus de fonctionnement de la méthanisation

La méthanisation est un procédé mature et performant qui exploite les déchets organiques pour produire un gaz riche en méthane, directement injectable dans les réseaux, en substitution au gaz naturel fossile.

Ses autres atouts : 

  • Production non intermittente d’une énergie stockable et disponible
  • Valorisation des déchets organiques
  • Production de digestat, riche en composants organiques et minéraux, utilisables par l’agriculture comme engrais
  • Réduction de la production de gaz à effet de serre
  • Une économie circulaire à l’échelle des territoires, créatrice d’emplois non délocalisables
  • Des compléments de revenus stables pour les agriculteurs.

La méthanisation est développée selon un modèle vertueux d’économie circulaire locale, associant collectivités, agriculteurs, producteurs de déchets et consommateurs industriels privés. Elle participe à la souveraineté énergétique et à la décarbonation des territoires.

D’une part, la méthanisation propose une solution locale de valorisation des déchets organiques dont la fermentation à l’air libre, autrement, émettrait des gaz à effet de serre. D’autre part, le biométhane produit localement, est injecté dans le réseau de gaz pour la consommation locale des entreprises et particuliers à proximité. En complément, le digestat produit est directement utilisé comme matière fertilisante naturelle par les agriculteurs locaux.

Méthanisation : Comment cette filière se développe-t-elle en France et en Europe ?

La France dans le peloton de tête de la production de biométhane en Europe

En France, début 2024, 652 sites valorisent le biogaz sous forme de biométhane injecté dans les réseaux de gaz. 80 de ces installations sont raccordées au réseau de transport.

L’ensemble du parc raccordé offre une capacité de production de 11 TWh/an. Cela représente 2,5 % de la consommation de gaz naturel de la France.

Ces chiffres placent la France dans le peloton de tête des pays leaders de la production de biométhane en Europe. Avec elle sur le podium, l’Allemagne produit 12,8 TWh de biométhane par an pour 242 sites. Le Royaume-Uni talonne la France avec une production de 7 TWh par an, suivie du Danemark avec 5,6 TWh.

Cette performance française traduit le soutien de longue date de l’État au biométhane, reconnu comme une des clés de la stratégie énergétique. Pour rappel, l’objectif fixé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 est d’atteindre une production de 39 à 42 TWh en 2030, soit 10% de la consommation nationale de gaz.

L'Observatoire de la filière Biométhane (site ODRé)

L’engagement de GRTgaz pour la filière méthanisation en France

La production de biométhane injecté dans les réseaux a connu une accélération, avec une augmentation de 140 % du nombre d’installations entre 2020 et 2023.  

GRTgaz participe à cette croissance en adaptant son réseau de transport, son offre et en facilitant le raccordement des producteurs. De par sa connaissance des infrastructures de réseaux et de son environnement, GRTgaz sensibilise, informe et mobilise les potentiels porteurs de projets. Aux côtés de ses partenaires, l’entreprise soutient le maintien d’un cadre tarifaire favorable à l’essor de la filière.

L’unité MD Biogaz de Bar-sur-Seine ou l’unité Gazteam Energie à Combrand dans les Deux-Sèvres comptent parmi les plus anciens sites de méthanisation raccordés au réseau de GRTgaz. Ce dernier site produit 7 680 m³ de biométhane par jour soit la consommation énergétique de 4 800 logements.

Innover avec les sites de rebours

Les sites de rebours visent à capter le biométhane produit en excès dans un territoire pour le transporter vers des zones de consommation plus éloignées. Les rebours inversent le flux historique du gaz. Ils compriment le biométhane pour faire remonter les surplus de production du réseau de distribution en aval vers le réseau de transport en amont.

Après les premières installations en 2018 à Noyal-Pontivy dans le Morbihan et Pouzauges en Vendée, les mises en services de rebours se sont enchaînées. GRTgaz vise près de 20 sites de rebours fin 2023 pour une capacité de 2,4 TWh/an, et l’installation de 100 rebours d’ici 2028.

« Avec les sites de rebours, GRTgaz illustre sa capacité à toujours innover pour accueillir un maximum de biométhane sur son réseau de transport. Le défi ? Réussir à toujours mieux faire coïncider la production de biométhane et la consommation de gaz pour optimiser l’énergie et éviter les pertes. »

Gaëlle Eouzan

Directrice du projet Biométhane

Méthanisation : projets et témoignages de porteurs de projets


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