Sobriété énergétique : l’industrie française en première ligne

Sobriété et industrie : engagement des collectivités et des industriels.
Photo : getty Images (usine de fabrication de verre) - logo soTerritoires

Réponse collective à la crise énergétique en cours, la sobriété représente  un challenge pour toute l’industrie française, qui produit environ 20 %  de toutes les émissions de CO2 du pays. Mais cette sobriété conjoncturelle peut-elle jouer un rôle d’accélérateur de la décarbonation ?  Avec GRTgaz et les collectivités, les acteurs industriels s’engagent.

8 novembre 2022, le Président Emmanuel Macron réunit les représentants des 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES) du pays. Le ton est donné. L’industrie doit accélérer sa décarbonation pour répondre au défi environnemental et faire face à la crise énergétique. Objectif : réduire de 20 Mt équivalent CO2 leurs émissions d’ici à 2030. En échange, l’État débloquera jusqu’à 10 milliards d’euros d’aides, en plus des 9 milliards promis à l’hydrogène renouvelable. « Nous avons un avenir si nous savons tenir ensemble trois grands objectifs : le climat, l’industrialisation et la souveraineté », a rappelé Emmanuel Macron. Décarboner est une ambition qui ne date pas de l’automne dernier. En 2020, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) avait fixé pour l’industrie un objectif de - 35 % d’émissions de GES d’ici à 2030 (vs 2015). En France, le secteur émet environ 90 Mt d’équivalent CO2 par an, soit 20 % des émissions du pays. Et c’est un écosystème très concentré. 50 % de ses émissions proviennent de trois bassins de consommation : Dunkerque, Le Havre et Fos-sur-Mer.

« La décarbonation n’est pas forcément synonyme d’électrification, les processus industriels n’étant pas tous électrifiables. Les réseaux de gaz auront donc un rôle à jouer, notamment avec les gaz renouvelables et l’hydrogène décarboné. »

Vincent Rousseau

Délégué territorial Nord-Est à GRTgaz

Objectif : - 15 %

Depuis la guerre en Ukraine, décarboner l’industrie a pris un nouveau sens. Réduire la consommation de gaz naturel pour éviter les éventuelles ruptures d’approvisionnement, aux conséquences économiques ou sociales lourdes, est devenu une urgence collective. L’Union européenne a notamment fixé pour objectif une réduction de 15 % de la consommation de gaz au 31 mars 2023 (par rapport au 1er août 2022). Pour les industriels, la sobriété est le plus souvent subie. « La flambée des prix de l’énergie a eu un effet évident », affirme Vincent Rousseau, délégué territorial Nord-Est à GRTgaz. Lors du bilan gaz 2022, présenté le 10 février, GRTgaz révélait un fort recul de la consommation de gaz de l’industrie par rapport à 2021 : - 19 % dans le secteur du raffinage et de la pétrochimie, - 19 % dans la métallurgie, - 11 % pour le secteur de la chimie. En parallèle, l’État s’est servi de mesures existantes pour mettre en œuvre un plan de mesures d’urgence échelonnées.

Ecogaz, pour mobiliser

Le plan de sobriété énergétique annoncé le 6 octobre a, lui aussi, fait bouger les lignes. Le 20 octobre, GRTgaz lançait la plateforme Ecogaz, « pour mobiliser au-delà des industriels. Si les particuliers, les entreprises tertiaires ou les administrations jouent le jeu de la sobriété, cela aidera à préserver l’activité industrielle en évitant les délestages », explique Vincent Rousseau. Mi-janvier, une centaine de partenaires, dont une douzaine de collectivités et autant d’industriels, des médias ou des fournisseurs d’énergie, avaient déjà signé une charte d’engagement.

De leur côté, de plus en plus d’industriels mettent les bouchées doubles pour accélérer leur décarbonation. Alors, la crise, un accélérateur ? « Cela ne fait que renforcer leur volonté de se décarboner, confirme Vincent Rousseau. Aucun d’eux n’a jusqu’à présent remis en cause ses objectifs de décarbonation à l’horizon 2030. »

« Les collectivités jouent un rôle essentiel dans la sobriété car elles agissent sur deux tableaux : en appliquant à elles-mêmes les efforts de réduction de consommation et en diffusant le message à la population. »

Vincent Rousseau

Délégué territorial Nord-Est à GRTgaz

Créer une émulation collective

La crise agit aussi comme un stimulateur d’innovation. C’est ainsi que le contrat stratégique de filière Nouveaux Systèmes Énergétiques a lancé, en octobre, la plateforme Je-decarbone.fr. En mettant en relation industriels et offreurs de solutions innovantes, le dispositif veut créer une émulation autour de la décarbonation. GRTgaz est présent dans sa Core Team* et s’implique à son échelle pour faire vivre le réseau et stimuler l’innovation. Des événements sont organisés par filières ou par bassins et, à ce titre, les Régions jouent un rôle moteur. « Les conseils régionaux ont à cœur de préserver leur tissu industriel et de soutenir la décarbonation, au moment où les industriels jouent de plus en plus sur le versant écocirculaire et cherchent à valoriser leur territoire, constate Vincent Rousseau. Il est donc logique que des liens se tissent. Les Régions Hautsde-France, Grand Est et Sud en sont des exemples emblématiques. » Entre réindustrialisation et décarbonation, l’alignement se confirme.

* Équipe constituée de grands acteurs issus, pour la plupart,  du secteur de l’énergie.

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