Hydrogène : GRTgaz reçoit le soutien de l’ADEME dans le projet MosaHYc

Projet financé par le Gouvernement dans le cadre du Programme France 2030 et opéré par l’ADEME.
Station d'interconnexion de Pitgam (photo : Nicolas Dorh), logos mosaHYc, France 2030 et Ademe

L’ADEME apporte son soutien à mosaHYc (Moselle Sarre Hydrogène Conversion), porté par GRTgaz dans le Grand-Est et future colonne vertébrale de la Grande Region Hydrogen entre la France, l’Allemagne et le Luxembourg. Une marque de reconnaissance pour un projet pionnier et une innovation majeure : la conversion de réseaux de gaz à l’hydrogène.

Ce soutien est un pas de plus vers la reconnaissance par l’Etat de l'importance d’un transport ouvert et mutualisé de l’hydrogène. Il montre également que l’ADEME juge prometteuse la conversion de réseaux de gaz existants vers l’hydrogène, une innovation et une ambition portées par GRTgaz. »

Geoffroy Anger

Responsable du Développement Hydrogène chez GRTgaz

Après avoir retenu le projet mosaHYc en octobre 2022 dans le cadre d’un appel à projets « Investissements d’avenir », l’Agence de la transition écologique (ADEME) et GRTgaz ont officialisé leur partenariat en mai. L’ADEME accompagnera ainsi financièrement ce projet, de sa phase étude et R&D jusqu’à ses premières années d’exploitation. « Ce soutien est un pas de plus vers la reconnaissance par l’Etat de l'importance d’un transport ouvert et mutualisé de l’hydrogène, indique Geoffroy Anger, responsable du Développement Hydrogène chez GRTgaz. Il montre également que l’ADEME juge prometteuse la conversion de réseaux de gaz existants vers l’hydrogène, une innovation et une ambition portées par GRTgaz. »

MosaHYc est à l’heure actuelle le plus grand projet de conversion transfrontalière de canalisations de gaz à l’hydrogène au monde. Son tracé comprend 45 km de canalisation à convertir côté français et environ 30 km côté allemand. L’aide de l’ADEME servira à financer une partie des nombreuses études à mener sur une période de 10 ans. Si mosaHYc est une première commerciale, il a également pour vocation de devenir le premier démonstrateur pour la conversion de canalisations, dont le potentiel est immense. Selon le consortium European Hydrogen Backbone (EHB), le réseau de transport hydrogène pourrait atteindre 53 000 km d’ici 2040 en Europe, dont 60 % constitué de réseaux de gaz existants reconvertis1. Le réseau de transport hydrogène en France pourrait quant à lui atteindre 4 000 km entre 2040 et 2050.

1 Source : site internet de European Hydrogen Backbone (EHB)

Les avantages de la conversion de canalisations

Les atouts de la conversion de canalisations sont doubles :

  • Environnementaux d’abord, puisque convertir des ouvrages existants plutôt que d'en construire de nouveaux réduit la phase de chantier et en diminue les émissions de CO2.
  • Économiques ensuite, car un tronçon converti nécessite 3 à 4 fois moins d’investissements qu’un réseau neuf de longueur équivalente, selon les estimations de GRTgaz.

Avant d’en arriver là, GRTgaz doit néanmoins analyser, comprendre et qualifier tous les aspects du transport d’hydrogène massif par canalisations et de sa conversion. Et pour cause : aucun réseau de transport d’hydrogène ouvert et mutualisé n’existe. Tous les référentiels en la matière restent à créer. 

Quatre verrous à lever

« Le soutien de l’ADEME confirme la pertinence de la structuration de nos travaux autour de quatre axes », précise Geoffroy Anger. Le premier concerne l’intégrité des canalisations. « Nous devons analyser l’évolution de la résistance physique de l’acier des ouvrages soumis à un environnement hydrogène », explique Geoffroy Anger. Les équipes procèdent à des expérimentations et produisent des modèles en vue de mieux comprendre et d’anticiper l’impact futur de l’hydrogène dans l’infrastructure.

Deuxième axe : l’étanchéité. « L’hydrogène étant une molécule beaucoup plus petite que le méthane, nous vérifions que l’ensemble des équipements aujourd’hui étanches, comme par exemple les vannes ou les postes de coupure le sont toujours bien pour l’hydrogène, et prévoir les adaptations en conséquence », détaille Geoffroy Anger.
Le troisième axe porte sur la qualité de l’hydrogène transporté et le comptage des volumes transportés et donc livrés. Les compteurs de gaz actuels ne sont pas adaptés à l’hydrogène. Ils doivent donc être revus et certifiés. « Quant à la qualité du gaz, il est indispensable de savoir mesurer précisément le taux d’impureté, tant pour des enjeux industriels que de facturation ».

Enfin, la sécurité et les études de danger représentent le dernier axe. GRTgaz étudie en profondeur les risques du transport d’hydrogène par canalisations. Objectif : définir et calibrer les modèles et études de danger qui serviront de référence, mais aussi obtenir les autorisations d’exploitation.

« Nous rassemblons toutes les connaissances afin d’instruire toutes les questions et aboutir à des modèles et méthodes réplicables, à des référentiels et à des standards, résume Geoffroy Anger. Cette première canalisation convertie deviendra la référence pour les prochaines opérations de conversion ».

Une mise en service prévue en 2027

Où en est-on ? En 2021 et 2022, GRTgaz a réalisé plusieurs inspections internes, appelées pistonnages, des 45 kilomètres de canalisations à convertir côté français. Les résultats sont actuellement en cours d’analyse sur le site dédié de GRTgaz, à Compiègne. Cette phase, qui doit durer jusqu’en septembre 2023, va permettre de comprendre et de caractériser les défauts les plus courants, et ainsi de quantifier l’investissement nécessaire pour réaliser la conversion complète du tracé. La mise en service du réseau mosaHYc est prévue pour 2027.

Pour aller plus loin

Vers une dorsale européenne et française de l’hydrogène

Le 22 janvier, l’Allemagne a annoncé son adhésion au projet d’hydrogénoduc H2Med.