L’éclosion annoncée de l’hydrogène bas-carbone dans les territoires

Entre la nécessité d’accélérer la transition énergétique et celle d’augmenter l’indépendance énergétique de la France, l’hydrogène bas-carbone a de beaux jours devant lui.
Crédit photo : Gettyimages et logo soTerritoires

Mais vers quel modèle de transport s’achemine-t-on ? Et quel sera le rôle des territoires dans l’éclosion de cette filière ? Ces questions sont d’actualité, et GRTgaz défend la vision d’un réseau ouvert et mutualisé au service d’écosystèmes territoriaux qui émergent dans les quatre coins de la France.

Jamais l’hydrogène n’a autant focalisé les attentions

La guerre en Ukraine et la volonté européenne de mettre un terme à sa dépendance au gaz russe, qui représentait 45 % des importations de gaz de l’Union européenne en 2021, n’ont fait que renforcer la donne. « Nous assistons à une vraie accélération, avec des objectifs européens multipliés par quatre entre 2021 et 2022 », confirme Geoffroy Anger, responsable du pôle Transport Hydrogène au sein de la direction Hydrogène de GRTgaz. Et c’est bien sûr d’hydrogène bas-carbone dont il est question, un vecteur énergétique considéré comme l’un des leviers de la transition énergétique, notamment pour l’industrie et les mobilités lourdes. Dès 2018, la France s’est dotée d’un plan hydrogène, complété, en 2020, par une stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné. Objectif : atteindre une capacité d’électrolyseurs de 6,5 GW d’ici à 2030, une ambition en phase avec celle de l’Europe, réaffirmée l’an passé à travers le paquet de propositions «  Fit for 55 » (moins 55 % d’émissions de CO2 en 2030). Les régions ont déjà démarré.
 

« Disposer d’une infrastructure de transport d’hydrogène bas-carbone et de CO2 accessible à tous sera un élément clé de l’attractivité future des territoires, en réduisant leur empreinte écologique et en développant leur tissu économique. »

Geoffroy Anger

Responsable du pôle Transport Hydrogène de GRTgaz

53  000 km de réseau en Europe d’ici à 2040 pour connecter les vallées hydrogène

Si les projecteurs se braquent sur la production ou la consommation d’hydrogène, la question cruciale du transport ne devrait pas tarder à être posée et à devenir un sujet prioritaire pour la France. En 2020, une trentaine d’opérateurs de réseaux de transport européens, dont GRTgaz, se sont réunis au sein de l’initiative European Hydrogen Backbone (EHB) afin de préparer les réseaux d’hydrogène de demain.

À l’horizon 2040, l’EHB en prévoit 53 000 kilomètres, interconnectant 28 pays. La France y est idéalement située, au cœur d’un « corridor sudouest », entre péninsule ibérique et centre industriel de l’Europe, et accrochée à un corridor interconnecté de la mer du Nord, qui bénéficierait au Havre ou à Dunkerque.

Une expertise très attendue

Dans ces conditions, l’expertise d’un transporteur comme GRTgaz est particulièrement attendue.

« Dès 2026, nous allons pouvoir libérer des canalisations de réseaux régionaux de transport de gaz naturel pour les réaffecter au transport d’hydrogène », affirme Geoffroy Anger.

Dans les zones clés, l’entreprise s’active déjà. Sa stratégie d’ensemble est désormais connue : développer des hubs, puis interconnecter les bassins entre eux, avant une interconnexion internationale. La notion de territoires se confond ainsi ici avec celle de bassins, dont certains seront transfrontaliers, comme dans l’est de la France. Plusieurs industriels français, allemands et luxembourgeois ont fondé, fin  2021, Grande Region Hydrogen, un groupement européen d’intérêt économique (GEIE) à cheval entre Lorraine, Luxembourg et Sarre. Le potentiel de production et de consommation s’est avéré suffisamment mature pour créer là un réseau de transport. GRTgaz et deux homologues allemands et luxembourgeois se sont alors associés autour du projet MosaHYc (Moselle Sarre HYdrogène Conversion), 100 km d’un réseau qui formera la première brique de ce maillage transfrontalier et utilisera pour moitié d’anciennes canalisations de gaz naturel. Mise en service attendue en 2026.

Pour les collectivités, l’enjeu de l’attractivité

Plus au sud, en Alsace, GRTgaz s’implique dans le projet  RHYn, en interconnexion avec l’Allemagne et la Suisse, et, du côté de Marseille, le Groupe est au cœur du projet HYnfraMed, qui vise à créer un réseau mutualisé de transport d’hydrogène entre la zone de Fos-sur-Mer et Manosque. À chaque fois, une même méthode : fédérer des acteurs territoriaux pour coconstruire les projets.

« Nous devons rassembler, car un transporteur est un acteur qui, par nature, réunit l’offre et la demande, éclaire Geoffroy Anger. Nous défendons une vision portée sur l’intérêt public, avec des réseaux ouverts et mutualisés. » Dans cette éclosion amorcée à l’échelle territoriale, les collectivités « ont compris le potentiel d’attractivité de l’hydrogène, aussi bien en termes économiques que de mobilité ». Elles sont appelées à jouer un rôle central.

« Le groupement européen d’intérêt économique Grande Region Hydrogen est un vrai succès collectif, dans lequel GRTgaz a réussi à se positionner comme facilitateur pour faire dialoguer producteurs et consommateurs. »

Geoffroy Anger

Responsable du pôle Transport Hydrogène de GRTgaz

Chiffres clés

  • 10 millions de tonnes, c’est l’objectif de production d’hydrogène renouvelable d’ici à 2030 annoncé en mai par la Commission européenne dans son nouveau plan de transition énergétique REPowerEU. À cela s’ajoutent 10 millions de tonnes importées.
  • 60 % : part du réseau de transport converti en canalisations d’hydrogène d’ici à 2040. 

Source : rapport de l’European Hydrogen Backbone (EHB) - A European hydrogen infrastructure vision covering 28 countries, avril 2022.

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