Femmes et industrie

Mathilde Garret, Marion Poissonneau et Magali Polo occupent des postes techniques et à responsabilité chez GRTgaz. Elles ont également en commun d'être marraines de l'association Elles Bougent, qui promeut la mixité dans les entreprises industrielles ou technologiques. Le 11 mars, elles participeront au forum en ligne Réseaux et Carrières au féminin. Combat, valeurs, espoirs... Interview de trois femmes engagées.

Marion Poissonneau

Trois questions à Marion Poissonneau, Product Owner de l'API Management chez GRTgaz, et nouvelle marraine de l'association Elles Bougent. Marion évolue dans le SI, un monde encore très masculin qu’elle espère voir se féminiser davantage. Elle participera, le jeudi 11 mars, au forum Réseaux et carrières au féminin.

« Raconter combien je m'épanouis dans ce métier »

Marion Poissonneau

Product Owner de l'API Management chez GRTgaz

J'ai commencé par étudier le marketing, avant de découvrir ce qu'était une DSI (Direction des Systèmes d'Information) lors d'un master et une alternance au sein du groupe La Poste. C'est là que j'ai compris que j'aurais besoin de développer des compétences techniques et d'être dans la mise en œuvre pour m'épanouir professionnellement. Chez GRTgaz, je suis aujourd'hui Product Owner de l'API Management, la plate-forme de la DSI qui permet d'échanger les données de l'entreprise en interne ou vers certains partenaires. Je pilote une équipe de quatre personnes... et tous sont des hommes !

Dans l'univers du SI, nous sommes très peu de femmes. J'ai eu envie de m'impliquer pour aider, à mon échelle, à féminiser mon métier, en intervenant notamment auprès d'étudiantes. J'ai envie de leur expliquer que ces métiers sont passionnants et que les femmes y ont leur place, qu'il est possible de travailler dans ces fonctions techniques même sans être développeur. J'ai envie de raconter aussi combien je m'épanouis dans ce métier, qui s'inscrit totalement dans la transformation des entreprises.
 

Il faudrait déjà que les lycéennes et les étudiantes en entendent parler au cours de leurs études ! Récemment, j'ai dû recruter un nouveau développeur. Résultat, aucune femme n'a postulé alors que j'avais activé tous mes réseaux. Les filles pensent que ce n'est pas pour elles. C'est faux. La seule qualité nécessaire est la passion et l'envie de créer, d'améliorer, d'innover. Le SI semble être un gros mot, mais, en réalité, les femmes ont beaucoup à apporter à ces métiers. Sans compter qu'il s'agit d'un secteur qui recrute à des niveaux de salaire élevés en sortie d'école.

Magali Polo

Trois questions à Magali Polo, cheffe de projet à GRTgaz et marraine de l'association Elles Bougent. Sa motivation : faire découvrir aux jeunes femmes d'aujourd'hui les attraits des métiers d'ingénieur... et briser quelques préjugés au passage !

« Un métier, ça doit être neutre »

Magali Polo

Cheffe de projet à GRTgaz

J'ai toujours été attirée par les sciences. Je voulais être ingénieure et le domaine de l'énergie me tentait. Quand j'ai intégré les Arts et Métiers, nous étions dix filles sur 100 dans ma promo ! Pour autant, je n'ai jamais eu d'hésitations, j'ai foncé et personne ne m’a freinée sous prétexte que j'étais une femme. Aujourd'hui, je suis cheffe de projet au centre de recherches RICE (Research and Innovation Center for Energy) de GRTgaz, autour d’une équipe de sept ingénieurs et deux techniciens. J'aime ce poste où, à côté de l’aspect technique, le relationnel est déterminant.

J'ai découvert l’association à l’occasion d’une plénière organisée par les Elles du Réseau de GRTgaz, à laquelle j’ai participé en 2018. L'idée de m'engager pour inciter des jeunes femmes à s’orienter vers les métiers de l'industrie m'a tout de suite donné envie. J'aimerais que mon exemple puisse aider ces jeunes femmes à oser. Les seules limitations qui existent sont celles que l'on se fixe et c’est presque toujours par peur de ne pas être à la hauteur. Si on a la motivation, on a l’essentiel.

Oui, en partie. Quand j’étais jeune diplômée, je me souviens que les métiers liés à l’opérationnel suscitaient en moi un peu d'appréhension. On est notamment tenté d’imaginer, en sortie d’école, que ce n’est pas fait pour les femmes, avant de découvrir qu'une femme y a tout à fait sa place. Chacun apporte sa brique, sa vision. Aujourd'hui, dans un groupe comme GRTgaz, il est facile d’évoluer, de découvrir de nouveaux métiers. Rien n’est figé et la féminisation est en marche. Un métier, ça doit être neutre... c'est d’ailleurs ce que je dis aujourd’hui à mes enfants !

Mathilde garret

Trois questions à Mathilde Garret, déléguée marché producteur de gaz renouvelable chez GRTgaz. Marraine et co-déléguée de l’association Elles Bougent en Ile-de-France, elle milite pour que les jeunes femmes se sentent (enfin) pleinement légitimes à embrasser des carrières dans l’industrie.

« Si je peux permettre rien qu'à une lycéenne sur trente d'aller au bout… »

Mathilde Garret

Déléguée marché producteur de gaz renouvelable chez GRTgaz

C'est lié à mon histoire personnelle. Lycéenne, je m'étais rendue dans un centre d'information et d'orientation (CIO) et quand j'avais dit à mon interlocutrice que je souhaitais devenir ingénieure, cette dernière avait cherché à m'en dissuader, m'expliquant qu'il était difficile pour une femme de concilier ce type de métier et une vie de famille... J'avais été sacrément refroidie ! Heureusement, mes parents et mes enseignants m'avaient poussée à suivre mes envies. En 2016, une fois bien installée dans ma carrière, j'ai eu envie de m'impliquer sur ce sujet comme je l'avais déjà fait en tant qu'étudiante. Il fallait que je retourne parler aux filles.

Je témoigne dans des collèges et des lycées, mais aussi lors de forums comme Réseaux et carrières au féminin auquel GRTgaz participe depuis des années. J'ai à cœur de montrer à ces jeunes femmes que le travail d'équipe est important, qu'il ne faut plus craindre de se placer dans la lumière des projecteurs. Dans certains milieux sociaux défavorisés notamment, beaucoup de jeunes ne voient presque jamais de femmes actives, occupant des postes importants, autour d’elles. Si je peux permettre rien qu'à une lycéenne sur trente d'aller au bout de son ambition, c'est déjà immense !

Il faut parler des stéréotypes qui nous imbibent dès l'enfance, notamment via les jeux. Les mécanos, les voitures pour les garçons… Tout cela n'aide pas à attirer des jeunes femmes vers ces métiers. Il faut aussi rappeler les différences de salaires qui persistent. J'essaye de les questionner sur la raison profonde qui pousse des filles qui réussissent en terminale vers des études de médecine plutôt que d'ingénieur. Il faut sortir de cette injonction adressée aux femmes de s'occuper des autres et les aider à s'ouvrir à d'autres horizons professionnels.