IA, drones, satellites… GRTgaz innove pour surveiller son réseau de transport de gaz
L’administration française impose une surveillance stricte et régulière du réseau de transport de gaz. Depuis quelques années, GRTgaz expérimente de nouvelles solutions plus performantes, plus légères et moins carbonées. Découverte des 4 innovations en cours.
« Nous devons contrôler l’absence de travaux tiers* non maîtrisés qui pourraient l’agresser, mais aussi les mouvements de terrain ou encore les effondrements de berges. »Michel Pinet
Chargé de mission surveillance chez GRTgaz
Chaque jour, GRTgaz doit veiller à l’intégrité et à la sécurité de son réseau, plus de 32 000 km de canalisations souterraines à travers la France. « Nous devons contrôler l’absence de travaux tiers* non maîtrisés qui pourraient l’agresser, mais aussi les mouvements de terrain ou encore les effondrements de berges », détaille Michel Pinet, chargé de mission surveillance chez GRTgaz. Depuis une trentaine d’années, cette mission s’effectue pour les deux tiers par avion, et pour le reste depuis la route. Chaque année, ce sont environ 350 000 km cumulés qui sont scrutés par les airs et plus de 100 000 km en voiture. Mais depuis quelque temps, GRTgaz élargit son panel d’outils en vue de renforcer, simplifier et décarboner ces opérations de surveillance. Son centre de recherche RICE (Research & Innovation Center for Energy) est en première ligne pour explorer les dernières innovations en la matière.
*Travaux réalisés à proximité des ouvrages de GRTgaz
Innovation n°1 : l’intelligence artificielle
Début 2024, en partenariat avec une entreprise spécialisée, un capteur doté d’une intelligence artificielle embarqué dans l’avion est expérimenté. « Aujourd’hui, tout vol nécessite un pilote et un observateur de surveillance. Avec un tel capteur intelligent, un pilote pourrait suffire », dévoile Michel Pinet. Grâce à la reconnaissance de formes, l’IA est capable d’émettre des alertes en vol si elle détecte un risque immédiat. Cette solution est intéressante également pour réduire l’empreinte carbone de la surveillance, puisqu’elle nécessite un avion plus petit, donc moins consommateur de carburant. Si l’expérimentation est concluante, elle pourrait être adoptée en 2025, en intégrant cette technologie dans le nouveau contrat de surveillance aérienne.
Innovation n°2 : le drone
Fin avril, GRTgaz a lancé une expérimentation inédite en France : la surveillance par un drone « hors vue », c’est-à-dire trop loin pour être visible de son pilote, sur une distance de 30 km. Courant 2022, dans le cadre de son projet Sky Safe, GRTgaz avait déjà obtenu l’autorisation exceptionnelle de recourir à des drones hors vue sur 20 km. « A l’époque, nous nous sommes heurtés aux limites de cette solution, en particulier l’autonomie insuffisante du drone électrique pour réaliser la totalité du vol », explique Michel Pinet. C’est pourquoi l’expérimentation qui débute a recours à un drone motorisé. En parallèle, GRTgaz et ses partenaires FlyingCam et SkyBirdsView, ont continué à améliorer la caméra embarquée et la plate-forme de suivi automatisé du réseau.
Les drones ne remplaceront toutefois pas la surveillance par avion du jour au lendemain. Selon les projections de Michel Pinet, la bascule nécessitera une dizaine d’années.
Il existe enfin un autre type de mission de surveillance pour lequel le drone s’annonce prometteur : la recherche d’émissions de méthane, dont le cadre va être renforcé en 2025 par un nouveau règlement européen. Les drones pourraient, à terme, sur certaines missions de ce type, remplacer les hélicoptères, utilisés aujourd’hui du fait de leur efficacité.
Les trois niveaux de surveillance du réseau
Le réseau est divisé en trois niveaux de risque. Près de 70 % des 32 000 km du réseau de GRTgaz doivent être surveillés une fois par mois. Mais dans les zones les plus rurales, où les risques sont les plus faibles, une surveillance semestrielle voire annuelle est possible. A l’inverse, dans les zones urbaines, une surveillance bimensuelle ou hebdomadaire est requise.
Innovation n°3 : le ballon dirigeable
Les ballons dirigeables font un retour en force dans de nombreux secteurs et GRTgaz explore également cet outil. L’entreprise va tester pour la première fois, en septembre 2024, la détection de fuites sur le réseau depuis un ballon dirigeable à propulsion à l’hydrogène, développé par la start-up française HyLight. « Le ballon est vraiment intéressant pour ce type de mission, en particulier par son silence et son absence d’émissions de C02 », note Michel Pinet. Seule véritable contrainte du ballon : son stockage au sol la nuit, nécessitant une vaste zone abritée.
Innovation n°4 : le satellite
Cap sur l’espace ! Après avoir commencé à explorer la piste du satellite avec Airbus Defense and Space en 2020, pour la surveillance des travaux tiers, GRTgaz s’est tourné vers la société Orbital Eye et sa solution algorithmique d’analyse de données satellitaires optiques, radar et multispectrales. Cette dernière est capable de calculer des niveaux de probabilité de risques dans la zone surveillée. Après de premiers résultats encourageants, l’expérience a été étendue en 2023 à toute l’Île-de-France et aux aires urbaines de Lyon et de Nantes, le tout avec une résolution d’images améliorée. « La plus-value est devenue encore plus visible. Le satellite réduisait nos besoins de déplacements », affirment Carine Lacroix et Guillaume Coudoulet, respectivement responsable de programme et ingénieur de recherche au RICE (Research & Innovation Center for Energy) de GRTgaz, en charge de la mission sur la surveillance satellite. Cette année, GRTgaz a franchi un cap vers l’adoption définitive en déployant la solution d’Orbital Eye dans une zone ultra-urbanisée d’Ile-de-France. Et en début d’année, les responsables de la surveillance des travaux tiers de GRTgaz ont tous reçu une formation spécifique pour l’utilisation de l’interface satellite.